
Vincent Rouxel de Plourhan (Côtes-d’Armor) est né sur les terres du Glazig (2e du Trail 54K en 2017 ). Aujourd’hui dans l’élite des traileurs bretons, il revient sur sa saison exceptionnelle : la Diagonale des Fous (traversée de 165 km sur l’île de la Réunion), Lavaredo (120 km, Italie). Une année de défis ! Il nous a fait le plaisir de répondre à cette longue interview.
Vincent, nous n’allons pas te demander une énième fois d’où tu viens, ou de nous refaire ton CV d’athlète, mais peux-tu plutôt nous révéler, ce qui d’après toi, te distingue des autres trailers, ce qui te rend singulier ?
Pas facile… Je viens d’un autre milieu c’est peut-être cela, quoi qu’il y a beaucoup d’anciens cyclistes qui se sont mis au trail. Après avoir eu une carrière de quasiment 10 ans, au niveau amateur, j’ai réussi à passer le cap et ré enchaîner à haut niveau dans un autre sport, parce que la plupart de ceux qui courent, cela fait longtemps qu’ils font de l’athlé, soient ils ont commencé par de l’athlé pur (piste, cross, etc.) comme Frédéric Laureau, ou soit cela fait 10 ans qu’ils sont dans le Trail comme Jérôme LUCAS, qui a fait du vélo aussi, mais cela fait déjà un moment qu’il fait du trail. Ses premiers 100 bornes je crois que c’était en 2009. Moi, je m’y suis mis vraiment qu’en début 2015. Cela va faire 3 ans que je fais ça bien.
Comment l’idée de te mettre au trail, et à la course à pied au sens large t’est-elle venue ?
En fait, je voulais tourner la page du vélo car en fait je n’ai pas réussi à passer professionnel, il s’en est fallu de peu. Comme j’étais habitué à faire du sport de haut niveau, il fallait que je fasse autre chose qui me prenne un peu moins de temps. Donc, je suis parti sur la course à pied, des 10 km, ou on a moins besoin de temps pour s’entraîner. Si tu veux faire du vélo, cela demande des sorties de 4 à 5 heures quasiment tous les jours alors que là, la course à pied demande une heure le soir en rentrant du travail. Je voulais faire du sport et tout naturellement la course à pied car ça se rapproche du vélo au niveau cardiaque notamment.
Quelles sont tes forces et tes faiblesses (si tant est que tu puisses nous les avouer !) ?
En tant que sportif, en course à pied en tout cas j’ai un gros mental, je ne lâche pas. Je me surprends par exemple, par rapport au vélo, ou mentalement j’étais moins fort parce que le vélo c’est différent. Il y a de la tactique, de la technique, quand on est en peloton à 180 coureurs sous la pluie, il ne faut pas avoir peur. Il y a cette notion-là souvent en vélo, si le circuit était dur, qu’il faisait beau ça allait, mais s’il pleuvait et qu’il y avait du vent, des bordures, mentalement je n’étais pas dedans. Tandis que là, par exemple au trail Glazig cette année, les conditions déplorables ne m’ont pas gêné. Je pense que c’est çà ma force principale.
Mes faiblesses, oui, j’ai encore des lacunes au niveau technique. Comme, je ne suis pas encore tout à fait au top musculairement comparé à des gars qui ont déjà fait 5 ou 6 diagonales des fous ou plusieurs ultras. C’est musculairement que c’est dur comme je vois à la Réunion où la fin de course tout le monde avait les cuisses en feu mais je voyais bien que par rapport aux autres, je ne tenais pas trop encore la distance et puis toute la technique en descente, être bien relâché, ça se travaille à l’entraînement, c’est ça ma faiblesse, mais j’espère y remédier rapidement.
Aujourd’hui, tu commences à toucher les sommets, au propre comme au figuré, qu’est-ce qui te fait avancer ? Qu’est-ce qui te pousse à l’entraînement ? Quel est ton moteur ?
Faire du sport pour un bien-être général. J’ai besoin de faire du sport, cela permet d’évacuer. Quand on sort d’une journée de travail, aller courir une heure, çà aère l’esprit. Et puis le trail, c’est super sympa, on évolue dans des paysages superbes comme ici, c’est surtout ça que j’aime, être en contact avec la nature, c’est aussi pour cela que j’ai besoin d’en faire, et puis je trouve que c’est un milieu super sympa. Tous les niveaux sont mélangés, peu importe quel boulot ont fait, quel âge on a, de quel univers on vient. C’est ça qui est bien par rapport au vélo ou c’est plus stéréotypé entre catégories, on évolue toujours ensemble, je trouve que là-dessus le trail c’est beaucoup mieux, on apprend de chacun, chacun a autant de mérite. Du premier au dernier, chacun a fait la même course, qu’il soit premier ou dernier, chacun est passé par des mauvais moments, par des bons moments. Tout le monde est sur le même pied d’égalité. Ce n’est pas comme au vélo, où un sprinter va se cacher pendant 180 km, faire l’effort pendant 300 mètres puis va gagner 15 courses à l’année. Et puis toi, tu vas faire des efforts, tu es un baroudeur, tu vas te montrer, te montrer mais tu ne vas pas gagner une course de l’année, ça c’est un peu ingrat.
Tu es encore tout jeune, mais expérimenté, quel(s) conseil(s) ou quel(s) message(s) voudrais-tu faire passer à un jeune qui débute ? ou qui aime juste le running ?
Il faut y aller déjà progressivement. Il ne faut pas se mettre tout de suite à faire des ultras ou des longues distances, il faut y aller progressivement, comme sur le trail glazig par exemple, il y a plusieurs distances. La première année, on peut rester sur du 12 km, un an ou deux après, passer sur le 25 si l’on accepte bien la distance puis après passer au-dessus, mais le mot c’est progression sinon on est sûr de se blesser. C’est un sport dur, physiquement mentalement, il faut y aller vraiment par palier.
Comment expliques-tu que toi tu aies progressé aussi vite ? Penses-tu que c’est uniquement grâce au vélo ?
Pour ma part, j’avais un « moteur » à la base avec les années de vélo, « j’avais la caisse » entre guillemets. Après, il a fallu que je m’habitue musculairement de la transition vélo, sport porté, à la course à pied, sport de chocs, il faut un temps d’adaptation. Pendant un ou deux ans, j’ai été souvent blessé. Encore maintenant, j’ai des douleurs de temps en temps parce que c’est tellement cassant comme sport. C’est pour cela que c’est bien d’alterner, vélo, course à pied, natation, pour préserver son organisme, on appelle cela des entraînements croisés.
Sur l’ensemble de ton palmarès, ou parmi tes expériences sportives, de quoi es-tu le plus fier ? Et Quel est ton plus grand regret ? Ta plus grande joie ? Ta plus grande déception ?
Le plus fier, sportivement c’est d’avoir fini la Diagonale des Fous parce que c’est quand même une sacrée expérience, c’était l’objectif de mon année : terminer était en soi un objectif, n’ayant jamais fait si long avec autant de paramètres qui pouvaient entrer en ligne de compte. Je suis fier, d’avoir au-delà du sport, réussi à tout mêler : vie privée, vie professionnelle et le sport. Il n’y a pas que le sport, je ne suis pas professionnel, mais c’est important que ce soit en osmose. Ma copine Camille, ma famille, nous sommes allés à la Diagonale, et à travers le sport, nous avons pu partager des moments avec mes proches et en famille. Je ne me vois pas aller faire une course je ne sais où, tout seul, juste pour le sport. Je suis fier que l’on me soutienne et que l’on passe de bons moments grâce au sport.
Le plus grand regret : C’est vrai qu’en vélo, j’étais pas mal frustré car souvent c’est tellement tactique que, lorsqu’on finit les courses on est encore assez frais. On se dit qu’on aurait pu faire mieux. A la différence, en course à pied, on est toujours à sa place. Tu donnes le meilleur de toi et à la fin tu te dis que de toute façon, tu ne pouvais pas faire grand-chose d’autre de mieux. J’ai toujours réussi à atteindre mes objectifs. Guerlédan, je suis passé de 5ème en 2015 et 2016, à 3ème en 2017. J’aimerais bien gagner une manche Ouest Trail Tour. J’aimerais bien gagner Guerlédan aussi, en plus c’est le Championnat de Bretagne de Trail. Non, je n’ai pas vraiment de regret.
Quand on court des heures durant, comme toi, je pense que beaucoup de personnes se demandent à quoi tu penses ? (à des parties du parcours qui s’annoncent devant toi et que tu as reconnues ? à des détails sur soi, sa forme, son matériel, sa nutrition ? ou des choses plus personnelles, plus intimes ? ou tu laisses carrément tes pensées vagabondées au fil des kms ?)
Je vais rester sur la Diagonale car c’est la course qui m’a pris le plus de temps. La première nuit, quand on part, on part au beau milieu de la nuit, il est 22-23 heures, et on est concentré puisque ça ne fait pas longtemps que l’on est parti. On est concentré à regarder devant soi. La nuit, en plus en montagne, il faut être concentré. Souvent, après, je regarde les kilomètres défiler, et me dire que dans tant de temps je suis arrivé au tiers de la course, puis je suis arrivé à la moitié, des choses de ce genre-là. Pendant la course, j’essaie vraiment de rester concentrer.
As-tu un plan de course ?
Non, jamais.
Tu as fait des reco j’imagine, donc tu sais exactement où tu es ?
Non, à la Diagonale, je n’avais pas reconnu, j’essayais de penser au prochain ravitaillement où ma famille m’attendait. On se dit que c’est comme si la ligne d’arrivée était au prochain ravitaillement. On les voit, on s’arrête un peu, et puis on repart jusqu’au prochain ravitaillement. A la fin de la Réunion, par contre, je ne pensais plus qu’à vraiment finir. On pense à la fin, et à lutter contre le sommeil.
Vous étiez combien de coureurs ?
2600 (Vincent a fini 22e). On pense à finir, on souffre, on souffre. L’endorphine produite par le corps parvient à nous envoyer jusqu’à la ligne d’arrivée. Une fois la ligne d’arrivée, je ne pouvais plus marcher, j’avais tellement mal aux pieds que l’on m’a mis dans un fauteuil roulant…
Es-tu conscient de toute ta course ou as-tu des zones d’ombre ?
Quand j’ai rédigé mon compte rendu, j’ai lutté pour retrouver les souvenirs qui en fait sont remontés doucement à la surface. Il y a des moments dont je ne me rappelais plus du tout. En réfléchissant bien, tranquillement, c’est finalement revenu.
C’est pour famille, que je me disais que je devais terminer, même si ce devait être en marchant !
Comme tu me parlais des pensées vagabondes, j’essaie de ne pas en avoir trop parce que souvent c’est là que l’on se fait mal à la cheville et que l’on sort de sa concentration. Il suffit de penser à autre chose pour que la cheville tourne, donc j’essaie de rester concentrer sur le profil et tout ce qui va avec. A la Réunion surtout, il faut regarder tout le temps où l’on met les pieds !
Quelle importance donnerais-tu dans l’ordre aux paramètres qui conditionnent un succès ? La préparation physique, le matériel, la nutrition / diététique avant et pendant, la force morale et autre paramètre important à tes yeux (auquel on n’aurait pas pensé).
Déjà arriver bien mentalement sur une course sans pensées parasites ou soucis particuliers, c’est important. Ensuite, arriver prêt physiquement, c’est ça le but d’avoir un entraîneur, Christophe (MALARDE), je lui fais confiance les yeux fermés, je sais que je serai bien préparé pour la course. Le fait d’arriver bien dans sa tête et bien physiquement en ayant confiance en soi, c’est hyper important et bien sûr sans être blessé.
Que retiens-tu de la Lavaredo (Italie, 120 km) ? De la Diagonale des Fous (Réunion, 165 km et presque 10 000 m de dénivelé positif) ?
La Lavaredo, c’était ma première expérience en montagne, je n’avais jamais couru en montagne, c’était la découverte de la haute montagne, la levée du jour à 05 heures du matin sur les Dolomites, c’était magnifique. C’était vraiment une belle expérience, j’ai bien aimé le parcours avec des chemins assez « roulants », comparé à la Réunion où c’est magnifique aussi, où on en prend plein les yeux, dans les cirques, mais c’est vraiment très dur.
Je pense que j’y retournerai d’ici, 3 à 5 ans. Mais bon, il y a d’autres courses qui m’attendent comme l’UTMB, la SaintéLyon (l’an prochain). Je pense que l’an prochain ce sera plus ce type de courses, car je suis assez rapide, comme les Templiers, les Championnats de France de Trail, et la SaintéLyon… et le Glazig en 2019 !!!! (rires)
Quand on endure, ce que tu as enduré sur les 50 derniers kms de la Diagonale, comment trouve-t-on la force, les ressources de continuer ? Comment fait-on pour oublier la douleur permanente qui te taraude à chaque pas, à chaque mètre supplémentaire ? L’abandon n’est pas loin, et pourtant tu continues ! L’envie de dormir aussi doit se faire pressante…
Comme je le disais, c’est ma famille qui était présente à CHAQUE ravitaillement, tous les 10 kms. 10 kms à la Réunion… ça peut durer … entre 2 et 3 heures ! Pour eux, je continuais. Jamais, je n’ai pensé à l’abandon même si j’en bavais, j’ai toujours continué, c’est mon mental qui m’a poussé, et tous les gens derrière moi qui me portaient.
Quand, comme toi, on s’attaque à des défis que l’on n’a jamais réalisés, je suppose qu’il existe une forme d’anxiété ou de stress, quel secret utilises-tu pour les évacuer ? (des techniques ? de la préparation mentale ?)
Je ne suis pas trop stressé en général avant les courses. Je le redis, par exemple, si je compare au vélo où c’est rarement le plus fort qui gagne, car c’est tactique, il faut sentir la course, prendre la bonne échappée, éviter les chutes, ça dépend de la météo, si on n’aime pas la pluie, qu’il pleut le jour de l’objectif… Tandis qu’à pied, il y a des risques de chute mais c’est différent quand même : On est seul face à soi. Chacun est à sa place. Non, moi, je n’ai pas vraiment de stress.
Après à la Réunion, c’est vrai que lorsque l’on n’a jamais fait de courses comme celle-là, on se demande un peu où on va, mais je n’étais pas trop stressé. A la Réunion, il y a tellement de paramètres qui rentrent en jeu, c’est tellement dur. Mon objectif, c’était de finir du mieux possible, mais déjà rien que de passer la ligne d’arrivée avec la meilleure place possible était beaucoup.
Pour le commun des mortels, pour lequel les courses sur lesquelles s’alignent des personnes comme toi, et à qui les efforts que vous pouvez fournir paraissent interminables, ou surhumains, que dirais-tu ?
Un ultra par exemple, se prépare un an en amont, voire deux à trois ans auparavant, ça dépend de quel niveau on part aussi. Pour la personne qui fait 20 kms de trail, la Réunion ne se fera pas en un an. C’est en y allant par étape, en progression. Quand on fait un 20 kms, passer sur un 30, il y a plein de trails qui font 30 kms dans le coin, l’année d’après 40, l’année d’après, on peut essayer de faire Guerlédan, l’année encore d’après passer sur un 100 kms et ensuite, seulement la Réunion. De toute façon, pour aller à la Réunion, il faut valider deux courses à plus de 85 points, ça fait minimum deux courses à plus de 80 kms, et, 1 000 ou 1 500 mètres de dénivelé. La personne qui dit, « Tiens, je vais faire la Réunion ! », elle ne peut pas…
Il faut vraiment y aller progressivement et se dire que pour la Réunion, il faut au moins 2 ou 3 ans de préparation préalable. C’est vraiment la dernière année que je me suis fixé sur la Réunion mais il m’a fallu au moins 3 ans de progression !
Pourquoi, à ton avis, la tendance actuelle de la course nature, est d’aller sur du long, voire même du plus en plus long ?
C’est plus un défi pour les gens de finir la course. Après c’est parfois un peu trop, car quand je vois dans certaines courses comme le GRP, dans les Pyrénées, 220 kms, je ne sais pas si c’est très bon pour la santé. Même l’ultra-trail en soi ? Pour ma part, c’est la santé avant tout, il faut prendre vachement soin de soi.
Quelles sensations ressens-tu quand tu cours ? Seul ? En compétition ? Quelle différence avec les sensations que donnent les autres sports ?
En compétition, c’est le fait de me battre pour le meilleur classement possible, l’adrénaline de la compétition, j’aime bien en fait. En ce moment, cela fait 3 semaines que je n’ai pas couru, 4 semaines que la Diagonale est terminée, j’ai déjà envie de refaire des courses car j’adore ça ! Epingler un dossard… C’est vraiment l’adrénaline de la compétition et de la meilleure performance qui me branche. A l’entraînement, c’est le sentiment de liberté. Courir au bord de mer, j’adore, profiter des paysages.
Nous entendions récemment ton coach, Christophe MALARDE déclarer que tu avais compris ce qu’étaient les « codes du trail », qu’est-ce que cela signifie ?
Les codes du trail, je pense que c’est d’y aller en progression, c’est aussi être humble, ce sont des choses comme ça que cela sous-entend. C’est aussi essayer d’aller voir au plus haut niveau, parce que je pourrai rester faire des courses dans le coin et gagner tous les dimanches, mais cela ne m’intéresse pas, je préfère me confronter à plus fort que moi. Cela fait progresser aussi de se confronter à plus fort que soi et essayer de faire de meilleures performances. Je préfère faire une bonne perf à la Réunion plutôt que rester ici ! Il faut commencer petit pour progresser et ne pas se mettre tout de suite dans quelque chose de trop élevé. C’est surtout savoir être humble. C’est tellement dur que si l’on n’est pas humble, on est vite remis à sa place ! La plupart des premiers les plus performants, ils sont vachement humbles…François DHAENE, par exemple, c’est quelqu’un de super simple, en comparaison avec d’autres sports ! Bon, sans doute aussi que c’est dû au fait que ça n’a rien à voir, c’est tellement dur…
Ton calendrier 2018 et peut-être aussi 2019, doivent être bien avancés ou se dessiner, quels en seront les moments forts ?
En 2018, je vais sans doute modifier ma préparation, je vais privilégier les cross, des distances courtes, ça va me faire prendre en vitesse. Comme j’aime beaucoup le Glazig, c’est un peu mon terrain de jeu, je devrais pouvoir venir sur une de vos courses mais je ne sais pas encore précisément laquelle. Après, je vais faire Guerlédan qui doit être le 20 mai, cette année. Pour Guerlédan, j’aurai un peu de foncier à travailler. Et ensuite, vient la deuxième partie de saison, un peu plus de long, avec les Championnats de France de trail normalement au mois de Juillet. Enfin, après tout ça, ce sera soit la TDS (une des courses de l’UTMB de 120 kms) fin Août, ou La Belle-Ile en Trail, ça c’est fin septembre, un 85. Pour finir, les Templiers, fin Octobre et la SaintéLyon sur début Décembre.
Après la SaintéLyon, je ferai un petit moment de coupure pour revenir au Trail Glazig en 2019 !!!!
Aujourd’hui, tu t’es doté d’un coach sportif. Depuis combien de temps travailles-tu avec Christophe Malardé ? Quels rapports entretenez-vous ? Que t’apporte-t-il ?
Après mon premier trail long en 2015, j’avais fait 5ème à Guerlédan, et dès juillet 2015, j’ai commencé à travailler avec lui. Cela fait deux ans et demi maintenant. On se voit rarement, souvent on fait un stage de début de saison, en janvier, ensemble. On va aussi à Millau, faire un stage avant les Templiers ou la Réunion, vers fin septembre. En dehors de ses périodes, on ne se voit pas, on communique un petit peu par téléphone & sms, mais beaucoup et surtout par google drive. Il m’envoie mon plan d’entrainement à la semaine selon mon planning horaire professionnel, et en fonction de la course que je prépare. Il m’envoie le plan d’entraînement de la semaine, et moi, chaque jour, je remplis ce que j’ai fait, mes sensations, etc Lui, regarde ensuite tous les matins, tous les google drive de ses athlètes et puis, il juge s’il y a des modifs à faire ou si on ne se sent pas bien, il va remettre une journée de récup’. Aujourd’hui, il coache près de 50 ou 60 athlètes. Je crois qu’il est à la fois entraîneur du Team Salomon Espoir, et, coach sportif. Il est diplômé d’état avec une bardée de diplômes (en préparation physique par exemple). C’est vrai qu’on ne se voit pas beaucoup et ça me convient bien, j’aime bien l’autonomie en fait. J’aime bien qu’il me laisse un peu libre un petit peu. Si j’ai envie d’y aller ce jour-là, où il m’a préparé un certain programme, je vais y aller. Si je n’ai pas trop envie, ou si j’ai autre chose d’incompatible de prévu, je vais louper la sortie mais c’est pas très grave. Tout se passe beaucoup par échanges internet. Il nous laisse autonomes, et puis, ce serait difficile pour lui d’être présent pour tous. J’ai toute confiance en lui. Il a véritablement un savoir, quand il parle d’un sujet, que ce soit entrainement, préparation psychique, physique, alimentation, il connaît une foule de trucs. Je lui pose une question, il va répondre de façon claire et nette, et ça, j’apprécie. C’est une personne qui est reconnue dans le milieu, d’une grande expérience. Je ne me vois pas coaché par un autre entraîneur que lui. Il sait nous remettre en question, il est franc, rigoureux comme moi, et ses plans d’entraînements sont loin d’être monotones ! J’ai une totale confiance en lui, je sais que ce qu’il met en place va me permettre d’atteindre les objectifs fixés. C’est véritablement un guide.
Tu as également rejoint la Team Berci, que t’apporte-t-elle ? et Que te permet-elle ?
BERCI m’apporte une émulation de groupe. On est plusieurs à faire de l’ultra. A la Réunion, j’étais sous les couleurs de l’OTT mais ils étaient 7 ou 8 du Team à faire la Diagonale, dont Michel. C’est véritablement une émulation. On est allé à la Lavaredo, ensemble, et c’est ça que je recherche. Je parlais de ma famille qui était avec moi, de mes amis proches, c’est un peu pareil, on est tous ensemble au départ d’une course. 3 à 4 jours avant, on est sur place et on passe des moments ensemble. Après la course, on débriefe, on va boire un coup, on va au restaurant. Le trail ce n’est pas que le sport, c’est un monde de partage et de convivialité. Ce sont des gens supers, ils sont tous sympas. Je me suis fait plein d’amis, j’ai fait de superbes rencontres. En 3 ans, de trail, j’ai fait plus de belles rencontres qu’en 15 ans de vélo. Les gens sont plus vrais, et il n’y a pas d’hypocrisie.
Es-tu entouré d’autres personnes ? services ? partenaires ?
Non. Je suis simplement suivi par un podologue, et par un osthéo. C’est la famille surtout, ma copine. La personne qui vit avec le coureur, il faut qu’elle accepte les sacrifices, elle me suit sur toutes les courses. Le matin pour Guerlédan par exemple, il faut se lever à 5 heures, il faut venir me ravitailler. Chapeau à elle ! J’en suis conscient, à la Réunion, ils n’ont pas dormi non plus pendant deux jours pour aller de ravitaillements en ravitaillements. C’est hyper important d’avoir un équilibre de vie, de partager avec ses proches.
Le monde du Trail est encore un monde « amateur », ce qui sous-entend que tu as également métier à côté, comment fais-tu pour t’organiser ? Trouves-tu encore du temps pour toi, et pour les tiens ?
Quand je fais des courses, bon oui, je suis dans ma course mais après les autres week-ends ça ne m’empêche pas de partir en week-end. La préparation, c’est la préparation mais après je relâche la pression et je passe du temps avec mes proches. C’est hyper important. Camille, elle fait quelques défilés, je vais la voir et je prends plaisir à y assister, c’est tout à fait normal. Elle vient me supporter, je vais la soutenir aussi. Il n’y a pas que le sport dans la vie, on n’est pas professionnel !
Au niveau de ton métier, comment t’organises-tu pour gérer ton emploi du temps professionnel, ton emploi du temps sportif ? Dois-tu te lever très tôt le matin pour t’entraîner ?
En fait, je suis aide-soignant à l’ADAPEI, c’est une grosse entreprise sur les Côtes d’Armor avec différents foyers avec de personnes déficientes psychologiquement. Je travaille à TY COAT c’est à SAINT BRIEUC, j’ai un rôle d’éducateur auprès de personnes déficientes ou trisomiques. J’ai la chance d’avoir des employeurs et des collègues hyper arrangeants. Quand je leur ai dit que j’allais à la Réunion, tout de suite mes vacances ont été posées alors que cela faisait à peine un an que j’avais été embauché. Je les avais prévenus un an avant, il n’y a jamais eu de soucis, ils m’ont même supporté pendant la course. Au boulot, ils m’ont fait des affiches, les résidents m’ont fait une vidéo… L’ADAPEI Côtes d’Armor, ils font des échanges croisés entre foyers, et donc l’ADAPEI Côtes d’Armor est allé à la Réunion pendant la course voir l’ADAPEI Réunion. Il y avait même mon grand patron qui était là-bas au départ de la course avec une affiche « Allez Vincent !!». J’ai de la chance d’avoir un employeur comme ça qui me soutient de cette manière. Je travaille un week-end sur trois alors j’essaie de m’arranger avec un collègue. Pour les horaires, je travaille souvent de 14h00 à 22h00, ce qui me permet de courir le matin. Autrement, je fais 08h00 – 17h00, donc je cours après en rentrant. Soit je pars de SAINT BRIEUC, soit de PLOUAGAT ! Je n’ai pas besoin de me lever super tôt le matin.
As-tu déjà eu peur ? Si oui, de quoi ? T’es-tu déjà fait peur ? Comment ? Quelle est aujourd’hui ta plus grande peur ?
Ma plus grande peur serait de perdre un proche. Après en sport, je me faisais peur en vélo, car non seulement il y a la vitesse, mais aussi l’effet de groupe en peloton, quand on voit des chutes à 80 km/h et 15 gars qui tombent devant toi ça fait peur, la peur de la chute. En trail, on n’a pas trop cette notion de peur, c’est plus peur de la blessure et aussi parfois, dans les descentes rapides ou dangereuses. A la Réunion, quand on monte ou qu’on descend, qu’on regarde à 50 cm de soi et qu’il y a un trou de 300 m de fond, on se dit que l’on a intérêt de faire attention, mais sinon je n’ai pas de peur particulière.
Quelle est ton idole sportive ? et pourquoi ? Quand tu étais petit ? Aujourd’hui ?
J’aimais bien JALABERT quand j’étais plus jeune. Maintenant, j’aime surtout les gens simples, un gars comme CAVANI, l’attaquant du PSG qui est simple et qui a des valeurs humaines.
Si tu avais un conseil, ou un vœu, à formuler envers le TRAIL GLAZIG, son organisation et ses équipes, quel serait-il ?
Continuez ainsi. C’est une superbe organisation, c’est grandiose, on est content c’est le premier trail de l’année. Il faut espérer que le temps soit de la partie et continuez à grandir et pourquoi pas un jour qu’il y ait une belle compétition, pourquoi pas un championnat de France de Trail !!!
Selon toi, qu’est-ce qui serait nécessaire pour accueillir les championnats de France de trail ? Est-ce une distance bien particulière ?
Non, la distance c’est autour de 60 – 70 km, donc il y a moyen de trouver je pense. C’est plus, la date, qui faudrait décaler en juin – juillet. Déjà continuez comme cela, que tout se passe bien, que tout le monde soit content. L’essentiel est que quand ils finissent la course, ils se disent « l’an prochain on reviendra !» Le Glazig, c’est super le parcours, on a la chance d’avoir le GR à côté, c’est magnifique. En plus, les gars qui font du trail, c’est plutôt des montagnards donc ils sont pas habitués à venir en bord de mer. C’est vraiment un atout.
Parmi les plaisirs de la vie, lequel préfères-tu ?
Passer du temps avec mes proches, avec Camille, ma compagne.
Dans le sport en général, ou dans le milieu du Trail, as-tu en surnom ?
Non, pas de surnom.
Quand on atteint un tel niveau de performance, doit-on se soumettre à une diététique draconienne ou simplement faire attention aux excès ?
Je fais attention, j’essaie d’avoir une hygiène de vie assez rigoureuse. Quand j’étais plus jeune, je ne faisais pas attention à cela, mais quand on prend quelques kilos de plus l’hiver, on se rend compte que c’est difficile à perdre. Depuis maintenant 2 ans, je fais attention à ce que je mange. C’est Christophe qui m’a fait prendre conscience que l’alimentation c’était hyper important autant que l’entraînement presque. Quand on rentre de l’entraînement et que que l’on mange un paquet de snickers, les bénéfices de l’entrainement sont perdus. C’est dur car en plus, je suis un gourmand, j’adore manger. J’essaie de me faire d’autres plaisirs en cuisinant des choses plus saines. Même au-delà du sport, pour la santé en général, manger bio, des choses saines, c’est quand même mieux que d’aller manger un hamburger même si on peut s’accorder des petits écarts, et c’est normal, on n’est pas professionnel, il ne faut pas être hyper-psychorigide. J’essaie juste de faire attention à l’alimentation, quand même !